Daoud, Kamel
Actes Sud, 328 pgs.
Orphelin
de mère, indésirable chez son père remarié, élevé par une tante célibataire et
un grand-père mutique, Tabor n'avait rien d'un enfant comme les autres. Il a
grandi à l'écart de son village aux portes du désert, dormant le jour, errant
la nuit, solitaire trouvant refuge dans la compagnie des quelques romans d'une
bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en
effet, il s'est découvert un don : s'il écrit, il repousse la mort ; celui ou
celle qu'il enferme dans les phrases de ses cahiers gagne du temps de vie. Ce
soir, c'est un demi-frère haï qui vient frapper à sa porte : leur père est
mourant et seul Zabor est en mesure, peut-être, de retarder la fatale échéance.
Mais a-t-il des raisons de prolonger les jours d'un homme qui n'a pas su
l'aimer ? Fable, parabole, confession vertigineuse, le deuxième roman de Kamel
Daoud célèbre l'insolente nécessité de la fiction en confrontant les livres
sacrés à la liberté de créer. Telle une Schéhérazade ultime et parfaite, Zabor
échappe au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de
l'écriture, par l'iconoclaste vérité de l'imaginaire.