Deville, Patrick
Seuil, 220 pgs.
Prix Femina 2012
Quand Louis Pasteur expérimente avec succès le vaccin contre la rage, il ouvre de nouvelles et
formidables perspectives à la biologie et à la médecine. Il chargera plus tard ses élèves ou disciples de
prolonger ses recherches à travers le monde. Les jeunes pasteuriens partent pour de longs périples.
Parmi eux, Alexandre Yersin, d’origine suisse (il est né à Morges en 1863), naturalisé Français pour les
besoins de la science, qui se forme sur le tas et part très vite en Indochine, où il passera le plus clair
de sa vie, loin des brouhahas parisiens et des fracas guerriers. Il multiplie là-bas les observations
épidémiologiques mais aussi bien géographiques, astronomiques ou météorologiques. C’est que ces
jeunes gens sont curieux de tout, Yersin en particulier.
Ami du politicien Doumer, Yersin se trouve à l’origine de la ville de Dalat, dans l’actuel Vietnam, puis il
s’installe à Nha Trang pour y mener passionnément ses multiples activités de chercheur. Elevage
bovin, culture de l’hévéa, des orchidées, de la quinine : il pourrait faire fortune mais tout va au
financement des recherches et de l’Institut Pasteur créé entre-temps. La science l’absorbe, il n’aura ni
femme ni enfant. Parfois il revient en Europe, mais c’est le plus souvent de loin, à la radio ou par les
journaux, qu’il reçoit l’écho des conflits mondiaux et de leurs atrocités. Il meurt en 1943, conscient
mais pas tout à fait amer que son nom n’aura pas la même gloire posthume que son maître, Louis
Pasteur, et demeurera essentiellement attaché à la découverte du bacille de la peste à Hong-Kong en
1894.
C’est cette formidable aventure scientifique et humaine que raconte Deville en croisant les périodes et
les personnages autour de la figure de Yersin.