Chalandon, Sorj
Grasset, 315 pgs.
Jeanne
est une femme formidable. Tout le monde l’aime, Jeanne.
Libraire, on l’apprécie parce qu’elle écoute et parle peu.
Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux
autres sans rien exiger d’eux. A l’image de Matt, son mari, dont elle connaît
chaque regard sans qu’il ne se soit jamais préoccupé du sien.
Jeanne bien élevée, polie par l’épreuve, qui demande pardon à
tous et salue jusqu’aux réverbères. Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser
est brusquement frappée par le mal. « Il y a quelque
chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux.
Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle, tout se fane. Son
mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va
prendre les armes. Jamais elle ne s’en serait crue capable. Elle était
résignée, la voilà résistante. Jeanne ne murmure plus, ne sourit plus en
écoutant les autres. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie.
Elle s’éprend de liberté. Elle découvre l’urgence de vivre, l’insoumission,
l’illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu’elle ne soupçonnait pas.
Avec Brigitte la flamboyante, Assia l’écorchée et l’étrange
Mélody, trois amies d’affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des
cancéreux et élever une joyeuse citadelle