"Ce livre est une attaque contre la culture supérieure, autrement dit contre la dégénérescence." August Strindberg n'a jamais été tendre envers la société, et les quatre nouvelles composant ce recueil, écrites durant la période d'exil en Suisse de l'auteur, l'attestent.
Nouvelle construction retrace l'itinéraire d'une jeune fille émancipée qui tente en vain de s'intégrer à la société traditionnelle avant de trouver sa place dans le Familistère de Godin. Rechute décrit les tourments d'un anarchiste russe, réfugié en Suisse, qui voit revenir des fantômes de l'idéologie radicale. Au-dessus des nuages pose la question du rôle de l'art et de la fonction sociale de l'artiste. Enfin, Remords suit un officier prussien pris en tenailles entre la discipline militaire et les exigences de la morale humaniste.
Tous ces thèmes sont caractéristiques du Strindberg du début des années 1880, période au cours de laquelle il se dit tour à tour rousseauiste, socialiste puis anarchiste. Si le cynisme est de mise dans sa description des rapports humains, la façon de les aborder, la finesse de l'analyse psychologique, l'intérêt pour les méandres de l'âme préfigurent déjà le Strindberg futur, celui, entre autres, des pièces naturalistes de la fin de la décennie.