« C’est elle qui veut me tenir, me garder, me posséder. La famille. Mais prononcer le mot est déjà me salir. La généalogie, la grande feuille de papier, l’arbre entier dessiné, avec les noms des gens. Ils me parlent d’en haut. Alors je les entends, puisque je suis descendante et que j’attends un enfant. »
Elle est enceinte, elle passe la plupart de son temps seule chez elle. Et elle entend – ou croit entendre – des voix. Ce sont les héréditaires. Ils veulent prendre le pouvoir, s’emparer du bébé. Sa mère lui prodigue des conseils inutiles, tandis que son père tente en vain de la rassurer. Son « gars », lui, ne se doute de rien. À moins qu’il ne fasse partie du même complot.
Cauchemar ? Règlement de comptes ? Allégorie de la maternité ?
Cinglantes comme des fouettés, les phrases de Claire Castillon dessinent un paysage mental d’une noirceur extrême, zébré par les éclairs d’un humour ravageur