Yan Mo Points, 416 pgs, 2004-01.
Les treize pas, fugue brillante sur une base aléatoire, se présente comme un jeu de massacre.
Deux professeurs de physique, occupant des logements mitoyens, Zhang Honqui et Fang Fugui, s'évertuent à enseigner la théorie de la relativité dans un établissement secondaire, le lycée n°8, qui possède également une usine autogérée de conserves de lapin. La femme de Zhang Honqui, Du Xiaying, y est préposée au dépeçage des bêtes encore vivantes tandis que l'épouse de Fang Fugui, Li Yuchan,est esthéticienne au funérarium. Héros du travail, Fang Fugui, mort de fatigue et ressuscité clandestin, se retrouve avec le visage de Zhang Honqui, et cherche à faire fortune dans le trafic de cigarettes. Cet épisode épique tourne à la catastrophe générale. Le faux mort devient fou en assistant à ses obsèques. Sa femme est promue et se suicide. Un tigre du zoo est empoisonné et dépecé.
Prenant pour paramètres la misère des intellectuels et la libido inassouvie de leurs épouses, le récit se démultiplie dans une savante mise en abîme des différentes fonctions narratives, les personnages assurant tour à tour le rôle de héros et de narrateur. Roman d'un comique atroce, Les treize pas démontre comment le parti a vidé la vraie vie de sa substance, il expose la douloureuse reconversion des masses populaires au capitalisme sauvage, et à la course aux diplômes.