Mabanckou, Alain Fayard, 181 pgs.
Je suis noir, et forcément ça se voit. Du coup les Noirs que je croise à Paris m appellent « mon frère ». Le sommes nous vraiment ? Qu ont en commun un Antillais, un Sénégalais, et un Noir né dans le Xème arrondissement, sinon la couleur à laquelle ils se plaignent d être constamment réduits ? J oublie évidemment la généalogie qu ils se sont forgée, celle du malheur et de l humiliation traite négrière, colonisation, conditions de vie des immigrés... Car par-delà la peau, ce qui les réunit, ce sont leurs sanglots. Je ne conteste pas les souffrances qu ont subies et que subissent encore les Noirs. Je conteste la tendance à ériger ces souffrances en signes d identité. Je suis né au Congo Brazzaville, j ai étudié en France, j enseigne désormais en Californie. Je suis noir, muni d un passe-port français et d une carte verte. Qui suis-je ? J aurais bien du mal à le dire. Mais je refuse de me définir par les larmes et le ressentiment.